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Centre pour l’accès à l’information et à la justice
décembre 21, 2020
Kevin Walby sur la façon dont l’activisme en matière de données et d’information peut renforcer la démocratie.
Parlez-nous du Centre pour l’accès à l’information et à la justice (CAIJ). Comment décririez-vous son objectif et ce qui le rend unique ?
Ce que le CAIJ essaie de faire, c’est de montrer que l’accès à l’information est étroitement lié à l’accès à la justice. Le CAIJ entreprend des recherches et organise des événements pour attirer l’attention sur l’importance de l’accès à l’information dans les luttes pour la justice. Le CAIJ fait progresser les connaissances sur l’accès à l’information et l’accès à la justice au profit des personnes au Canada. Il n’existe actuellement aucun centre dédié à l’étude de l’accès à l’information ou de la liberté d’information au Canada ou ailleurs. De plus, l’accès à la justice est une question qui touche tous les Canadiens. Une meilleure compréhension empirique de la liberté d’information et du secteur public au Canada apportera des avantages aux Canadiens sur le plan académique, culturel et politique.
Nous vivons tous la pandémie mondiale de différentes manières. Quel est le principal enseignement tiré de la façon dont le CAIJ réagit à la crise ?
Le CAIJ s’est concentré sur les questions de gestion de l’information et de secret qui sont apparues pendant la pandémie, en particulier les questions de secret dans les opérations gouvernementales et les processus de justice pénale. Nous nous penchons également sur l’accès à l’information concernant les prisons et la pandémie au Canada.
Au cours des derniers mois, nous avons vu des groupes saisir ce moment d’incertitude pour faire progresser la justice raciale et économique dans leurs communautés. Comment cela affecte-t-il votre travail ?
Le CAIJ est très intéressé par le mouvement de définancement de la police et soutient fortement l’organisation locale. Le mouvement est lié aux luttes pour la justice raciale et économique et il est crucial d’établir ces liens. Le CAIJ travaille également à l’établissement de partenariats avec des groupes luttant pour la justice raciale et économique qui s’intéressent à l’activisme en matière de données et d’information. Le CAIJ a un certain nombre de partenaires communautaires à Winnipeg qui va des groupes et associations autochtones aux groupes et associations d’immigrants, de migrants et de nouveaux arrivants canadiens, en passant par les groupes de lutte contre la pauvreté et le sans-abrisme ainsi que les groupes communautaires de solidarité avec les prisonniers et de lutte contre la violence. Ainsi, le CAIJ a des liens avec un large éventail de groupes communautaires représentant diverses identités et diverses politiques. On s’attend à ce que ces collaborations continuent à favoriser l’équité, la diversité et l’inclusion grâce au travail du CAIJ.
Selon vous, quel est le plus grand défi que doit relever la démocratie canadienne ? Comment travaillez-vous sur ce défi, quelles solutions proposez-vous ?
Les gens sont aliénés et cyniques par rapport au système politique. Nous avons besoin de démocratie directe et de justice économique dans la société canadienne. Le CAIJ enquête sur les controverses et les scandales au sein du gouvernement pour essayer de montrer pourquoi les luttes pour la justice sont nécessaires et importantes. L’accès à l’information est une question qui touche tous les Canadiens. Les Canadiens comptent sur l’information tous les jours. Une meilleure compréhension empirique de l’accès à l’information au Canada apportera aux Canadiens des avantages sur le plan universitaire, culturel et politique. Cela fait partie de la mission du CAIJ.
Pourriez-vous partager une idée ou une initiative liée au renforcement de l’engagement civique ou de la participation démocratique qui vous inspire ? Cela pourrait être lié à votre travail ou à quelque chose que vous voyez se produire dans le secteur.
De nombreux groupes d’activistes commencent à utiliser des techniques d’information et de données développées par des journalistes d’investigation et des scientifiques. C’est vraiment passionnant. Il faut espérer que les groupes d’activistes, les journalistes d’investigation, les avocats d’intérêt public et les universitaires pourront collaborer de plus en plus étroitement dans ce nouveau domaine de l’activisme en matière de données et d’information. Certaines formes d’activisme en matière d’information et de données sont transgressives et visent à perturber les normes sociales concernant l’ouverture et la vie privée dans le but d’obtenir des dossiers des gouvernements et des entreprises. L’utilisation des compétences informatiques et la prise de conscience de la puissance des données et des informations modifient les stratégies et les tactiques des mouvements sociaux et des groupes communautaires. Les militants se tournent également vers la cartographie et d’autres types de visualisation des données pour améliorer leur communication et la mobilisation des connaissances. Le CAIJ peut collaborer à de telles initiatives. Ce nouveau militantisme en matière de données ne se limite pas à la recherche de nouvelles informations, mais utilise les nouvelles technologies pour stocker et protéger ainsi que pour mobiliser les anciens documents des organisations et des communautés, ce qui peut enrichir l’action dans le présent et créer une continuité. Les nouvelles formes d’activisme en matière de données et d’information peuvent également favoriser le dialogue au sein des organisations locales et entre elles, d’une manière qui ne se produirait peut-être pas autrement.
Parlez-nous de la façon dont le CAIJ rend son travail plus inclusif et renforce l’engagement avec les différentes communautés. Avez-vous des conseils ou des leçons à partager avec d’autres acteurs du secteur sur la réduction des obstacles à la participation ?
Nous développons des rapports, des zines et d’autres clips pour établir des liens avec les communautés locales et faire passer le mot sur l’accès à l’information et l’accès à la justice. Nous voulons entrer en contact avec des communautés qui n’ont peut-être jamais entendu parler de l’accès à l’information auparavant, il est donc important d’utiliser des approches et des créations différentes. Nous essayons de mobiliser les ressources des communautés et des universités afin de générer de nouvelles idées de collaboration et de défense des droits. Faire ce genre de travail créatif et communautaire aidera à générer une nouvelle attention sur le chevauchement entre les mouvements pour la justice sociale, raciale, économique et environnementale et l’accent mis sur la justice de l’information qui est au centre des activités et de la planification du CAIJ.
Pour les personnes qui cherchent à s’engager avec vous, comment peuvent-elles s’impliquer ? Qui peuvent-ils contacter ?
Contactez-moi à l’adresse caijuwinnipeg@gmail.com et visitez notre site web.
Le Centre for Access to Information and Justice (CAIJ) de l’Université de Winnipeg vise à être un centre international de premier plan pour la recherche d’intérêt public sur les questions de liberté d’information et d’accès à la justice au Canada et au-delà. Par le biais de projets de collaboration locaux et internationaux, le CAIJ promeut une approche multidisciplinaire et critique de la recherche et de l’engagement politique. Le CAIJ propose des études théoriques, empiriques et politiques sur la liberté d’information et l’accès à la justice sous la forme d’ateliers, de rapports, d’articles et de livres produits par ses membres. La mission et les objectifs du CAIJ comprennent : Faire progresser la connaissance des pratiques en matière de liberté d’information et d’accès à la justice par le biais de projets de recherche collaborative multidisciplinaires et critiques ; organiser la mobilisation des connaissances et des groupes de travail, des ateliers, des formations et des conférences axés sur la liberté d’information et l’accès à la justice ; s’engager dans des activités de sensibilisation axées sur la communauté et l’intérêt public.
Nous vivons un moment sans précédent pour la démocratie au Canada. Nous avons donc créé Sector Spotlight pour découvrir comment les principaux acteurs y réagissent. Nous espérons ainsi soutenir le partage des connaissances et susciter de nouvelles connexions en dressant le portrait d’un large éventail d’initiatives de partout au pays. Vous avez des idées pour notre prochain Sector Spotlight? Contactez-nous!
Kevin Walby
Kevin Walby est professeur associé de justice pénale à l’université de Winnipeg. Il est coéditeur de Brokering Access : Power, Politics, and Freedom of Information Process in Canada avec M. Larsen (2012, UBC Press). Il est coéditeur de Access to Information and Social Justice : Critical Research Strategies for Journalists, Scholars and Activists avec J. Brownlee (2015, ARP Books). Il est coéditeur de Freedom of Information and Social Science Research Design avec A. Luscombe (2019, Routledge).