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City Hive

novembre 17, 2020

Veronika Bylicki sur la façon dont nous pouvons réimaginer les structures de pouvoir traditionnelles en comblant le fossé entre les jeunes et les institutions.

Parlez-nous de CityHive. Comment décririez-vous son objectif et ce qui le rend unique ?

CityHive est une organisation à but non lucratif basée à Vancouver qui a pour mission de transformer la manière dont les jeunes sont engagés dans les processus civiques : dans la planification urbaine, les processus de prise de décision et les questions de durabilité urbaine. En tant qu’organisation dirigée et gérée par des jeunes, nous exploitons le dynamisme, les expériences et les perspectives des jeunes pour créer des projets et des solutions afin de rendre nos villes plus durables, plus équitables et plus résistantes. Nous travaillons avec les institutions publiques pour transformer la façon dont elles engagent les jeunes à être plus constructifs et inclusifs. Nos domaines d’actions incluent la création de programmes d’éducation civique et de laboratoires d’innovation urbaine, ainsi que la collaboration avec les gouvernements municipaux et d’autres organisations ou institutions qui cherchent à concevoir ou à mettre en œuvre l’engagement des jeunes. Ce qui nous rend uniques, c’est que nous sommes fondés et dirigés par des jeunes et que nous avons des relations solides avec diverses institutions, ce qui nous aide à agir comme pont entre les jeunes et leurs institutions publiques.

Nous naviguons tous la pandémie de manières différentes. Quel est l’élément clé de la réponse de CityHive à la crise ?

Lorsque la pandémie nous a frappés pour la première fois à la mi-mars, nous étions au milieu de nombreux projets et procédures différents (en partant de mise en place de programmes a des processus d’embauche). Si certains ont été reportés et mis en pause pendant les premières semaines et les premiers mois de COVID-19, d’autres ont été adaptés. Notre équipe a fait preuve d’une incroyable capacité d’adaptation et, à vrai dire, je pense que nous devons une grande partie de notre impact en tant qu’organisation à notre capacité à être flexible et à réagir à ce qui semble le plus urgent dans le monde. Nous avons fait la transition de notre cohorte Envirolab en ligne à mi-programme. Nous avons développé et mis en place deux cohortes de City Shapers complètement en ligne, de mai à juillet, qui se sont concentrées sur la résilience et sur ce à quoi les jeunes voulaient que la nouvelle normalité dans les villes ressemble. Nous avons co-créé une série d’événements hebdomadaires sur les conversations urgentes entourant cette pandémie (Distant, Not Disengaged). Nous avons mené des processus d’embauche, des ateliers d’engagement des jeunes, des réunions de consultation, et plus encore – tout cela dans le cadre virtuel que l’équipe ne connaissait absolument pas il y a quelques mois à peine. En tant qu’équipe, cela a créé un espace qui nous a permis d’approfondir les échanges et les conversations entre nous, et avec nos participants et nos partenaires.

Au cours des derniers mois, nous avons vu des groupes saisir ce moment d’incertitude pour faire progresser la justice raciale et économique dans leurs communautés. Quel est le lien avec votre travail ?

Tout d’abord, il est important de nous rappeler que ce mouvement n’est pas nouveau: des militants et des organisations noires et autochtones s’organisent et travaillent depuis des décennies pour démanteler les systèmes racistes qui donnent lieu à la violence étatique et pour reconstruire des systèmes et des institutions justes. 

CityHive reconnaît et fait le point sur la façon dont elle a bénéficié de la suprématie blanche et perpétuer les injustices raciales au cours de son existence, tant à l’interne qu’à l’externe. Jusqu’à présent, nos initiatives et nos enseignements en matière de lutte contre le racisme se sont souvent faits au détriment des communautés noires, autochtones et de couleur. Nous reconnaissons la profonde histoire du racisme qui existe dans des sphères directement liées à notre vision et à notre mission, y compris les sphères de l’édification des villes, de l’engagement public et des mouvements de durabilité. Nous reconnaissons également le rôle historique et actuel des institutions civiques, du secteur à but non lucratif et des systèmes de gouvernance dans la perpétuation du racisme et de l’anti-Noir. 

En reconnaissant notre complicité, nous reconnaissons notre responsabilité. En tant qu’organisation dont la théorie du changement repose sur les principes suivants : réimaginer nos structures de pouvoir traditionnelles en établissant des ponts entre les jeunes et les institutions, améliorer la représentation dans les processus de prise de décision, rendre les processus politiques plus accessibles et plus sûrs, répondre aux besoins des jeunes et renforcer la capacité des jeunes à s’engager dans des processus publics, notre travail ne peut être réalisé sans que l’antiracisme soit notre principe directeur. Soulever des questions cruciales sur l’équité liée à l’édification des villes est une partie importante de notre travail, surtout parce que nous sommes souvent dans des espaces où nous sommes l’une des rares organisations de jeunes représentées. 

Nous avons plusieurs actions immédiates et à long terme que nous prenons en tant qu’organisation pour nous assurer que nous centrons explicitement les principes antiracistes dans notre travail. De notre conseil d’administration, à la planification des programmes de notre personnel, à chacun de nous dans son parcours d’apprentissage personnel, nous prenons des mesures pour nous assurer que nous continuons à apprendre et à nous développer et que nous créons des programmes, des lieux de travail et des systèmes meilleurs et plus sûrs. Ce plan et ces engagements continueront à évoluer à mesure que nous approfondirons notre apprentissage et notre action axés sur l’équité, ainsi que notre désapprentissage des structures organisationnelles qui renforcent les systèmes d’oppression.

Nous nous tenons responsables devant notre communauté et nous avons pris un engagement formel, que vous pouvez lire ici.

Selon vous, quel est le plus grand défi que doit relever la démocratie canadienne ? Comment relevez-vous ce défi, quelles solutions proposez-vous ?

La jeunesse étant au centre de notre organisation et de notre mandat, l’engagement des jeunes et des jeunes adultes dans nos systèmes démocratiques est une préoccupation constante. Les jeunes sont l’un des groupes démographiques les plus susceptibles d’assister aux manifestations et de signer des pétitions, mais les moins susceptibles de voter ou de se présenter aux réunions de consultation et aux assemblées publiques. Les milléniaux et la génération Z sont très investis dans les questions militantes et sociales, mais ils ne parviennent pas à se connecter aux formes traditionnelles d’engagement au sein de notre démocratie. Il existe d’innombrables raisons bien documentées pour expliquer cette déconnexion. Les jeunes sont souvent en période de transition et moins liés à leur lieu de résidence. Les jeunes sont rarement représentés dans le processus décisionnel et il est difficile d’établir un lien avec les politiciens eux-mêmes. Sans un solide programme d’éducation civique, les jeunes sont souvent plus confus quant au fonctionnement des systèmes. 

Notre travail consiste à réunir les décideurs et les jeunes pour faire tomber ces barrières et expliquer clairement comment fonctionnent les systèmes de pouvoir, en particulier dans le domaine de la gouvernance locale. L’établissement de relations, en particulier entre les décideurs et les jeunes, fait partie intégrante de tout ce que nous faisons, de sorte que nous expérimentons activement et créons des espaces pour l’établissement de la confiance. Il y a tant d’organisations incroyables axées sur les jeunes dans tout le pays qui font cette mobilisation démocratique à différents niveaux de gouvernement. Bien que notre objectif reste local et municipal, des groupes comme Apathy is Boring, Future Majority, Gen Squeeze, entre autres, activent et éduquent les jeunes sur leur pouvoir au sein de nos structures et systèmes.

Pourriez-vous partager une idée ou une initiative liée au renforcement de l’engagement civique ou de la participation démocratique qui vous inspire ? Cela pourrait être lié à votre travail ou à quelque chose que vous voyez se produire dans le milieu. 

L’éducation civique est l’un des projets les plus passionnants sur lequel nous travaillons actuellement. Les écoles de Colombie-Britannique n’enseignent pas l’éducation civique. Bien que les élèves puissent apprendre à connaître les niveaux de gouvernement provincial et fédéral, l’éducation civique n’est pas une partie obligatoire de notre programme d’études – en fait, il en va de même pour toutes les autres provinces canadiennes, à l’exception de l’Ontario. Le programme d’études de la Colombie-Britannique (comme celui de toutes les provinces canadiennes à l’exception de l’Ontario) ne comprend pas de cours ou d’unité sur l’éducation civique, et encore moins l’intégrer tout au long de la scolarité. Comment pouvons-nous attendre des jeunes qu’ils soient inspirés et engagés dans la vie civique, si on ne leur a jamais appris à le faire. Si les niveaux de gouvernement provincial et fédéral sont enseignés, la gouvernance et la prise de décision municipales (sans doute les plus faciles à influencer) sont laissées de côté.

En tandem avec nos cohortes d’éducation civique pour les 18-30 ans, nous, à CityHive, travaillons actuellement en partenariat avec Urbanarium et d’autres organisations locales pour développer un programme d’éducation civique pour les enfants et les adolescents. Nous sommes très enthousiastes quant aux possibilités qu’offre cette opportunité de faire participer davantage de jeunes aux idées et aux possibilités créatives de l’édification de la ville.

Parlez-nous de la manière dont CityHive rend son travail plus inclusif et renforce son engagement auprès des différentes communautés. Avez-vous des conseils ou des leçons à partager avec d’autres acteurs du milieu sur la réduction des obstacles à la participation ?

L’objectif principal de CityHive est de réduire les obstacles à la participation des jeunes ; et ce faisant, nous espérons démontrer à quoi ressemblent la réduction des obstacles et l’augmentation des voies d’engagement pour tous. Faire en sorte que l’engagement soit réellement inclusif et que toutes les communautés – en particulier celles qui ont été traditionnellement exclues et marginalisées – soit un processus constant, que nous apprenons constamment à améliorer. 

Le plus grand conseil ou la plus grande leçon (que nous sommes également encore en train de mettre en œuvre) est de tenir compte de la personne que vous centrez dans la conception des programmes ou dans votre travail. Lorsque nous centrons les expériences des personnes qui rencontrent les plus grands obstacles à la participation à chaque étape d’un programme – de l’idéation et de la conception à la mise en œuvre et à l’animation – nous sommes en mesure de mener des programmes qui sont intrinsèquement plus inclusifs. Lorsque nous centrons les expériences de ceux qui ont déjà accès à des possibilités de participation et qui ont tendance à s’engager davantage par des moyens traditionnels, nous finissons par perpétuer les mêmes systèmes et processus qui excluent d’autres communautés du processus. De plus, de manière assez tangible, CityHive n’existe que grâce au partenariat et aux relations que nous entretenons – nous sommes en mesure d’atteindre un éventail beaucoup plus large de jeunes en travaillant avec des organisations partenaires qui servent différentes communautés de jeunes.

Y a-t-il des enjeux spécifiques pour lesquelles CityHive a besoin d’aide, des problèmes que vous essayez de résoudre ou des souhaits que vous avez ?

Notre premier et plus nébuleux enjeu est de considérer comment, dans votre travail, vous pouvez modeler le résultat que vous espérez à travers le processus que vous suivez. Comment, dans chaque processus d’engagement, projet de programme, pouvez-vous modéliser une inclusion significative, centrer l’équité, établir la confiance et les relations ? C’est ce que nous cherchons à faire dans notre travail : nous assurer que, dans chaque occasion d’engagement, les jeunes ont la possibilité de renforcer leurs propres capacités, de nouer des relations entre eux et avec les décideurs, et lentement, tout au long du processus, de changer à quoi ressemble la participation des jeunes.

Notre deuxième enjeu : il faudra un effort collectif pour changer l’âgisme et le manque de participation des jeunes à la prise de décision. Nous sommes toujours à la recherche de partenaires, d’experts, de penseurs et autres, qui souhaitent explorer la manière dont nous pouvons introduire l’éducation civique dans les salles de classe et pour les jeunes. Si vous souhaitez soutenir l’éducation civique des jeunes de moins de 30 ans ou si vous cherchez à impliquer les jeunes de manière significative dans votre travail, n’hésitez pas à nous contacter !

Pour les personnes qui cherchent à s’engager avec vous, comment peuvent-elles s’impliquer ? Qui peuvent-ils contacter ?

Suivez-nous sur les médias sociaux @CityHiveVan sur Facebook, Instagram et Twitter, abonnez-vous à notre bulletin d’information ou envoyez un courriel à info@cityhive.ca. Nous aimerions avoir de vos nouvelles !

 

La mission de CityHive est de transformer la façon dont les jeunes façonnent leur ville et les processus civiques qui les engagent. Nous imaginons des villes où les jeunes participent activement à la planification, à l’élaboration et à la prise de décision. Une ville où les jeunes s’impliquent est une ville résiliente, durable et vivable, non seulement pour les jeunes, mais pour toutes les générations actuelles et futures.

 

Nous vivons un moment sans précédent pour la démocratie au Canada. Nous avons donc créé Sector Spotlight pour découvrir comment les principaux acteurs y réagissent. Nous espérons ainsi soutenir le partage des connaissances et susciter de nouvelles connexions en dressant le portrait d’un large éventail d’initiatives de partout au pays. Vous avez des idées pour notre prochain Sector Spotlight? Contactez-nous!

Veronika Bylicki, Executive Director and Co-founder of CityHive

Veronika is an engagement innovator, community builder and sustainability strategist, and the Executive Director & Co-founder of CityHive. A lifelong Vancouverite, she is passionate about creating more sustainable, equitable cities and amplifying the meaningful engagement of citizens, particularly youth, in addressing urban challenges. Veronika completed her BSc in Global Resource Systems at UBC, with a specialization in Urban Sustainability, Policy and Planning. Her experience includes working in sustainability education, environmental policy and participatory planning. She was awarded as a Top 25 Under 25 Environmentalist in Canada in 2015, has delivered a TEDxYouth talk on Urban Sustainability and was a Social Innovation Fellow at RADIUS SFU. Veronika is currently a Commissioner on the Vancouver City Planning Commission and Board Member for CityStudio Vancouver. Veronika is an outdoor enthusiast and can often be found zipping around the city on her bike.