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Le Projet Prosperité

septembre 2, 2020

Lois Nahirney sur la façon dont le succès et le bien-être des femmes sont directement liés à la reprise sociale et économique du Canada après la COVID-19.

Parlez-nous du Projet Prosperité. Comment décririez-vous son objectif et ce qui le rend unique ?

Le Projet Prospérité a été fondé pour reconnaître et contrecarrer l’impact disproportionné que la pandémie de la COVID-19 a sur les femmes canadiennes. Le projet vise essentiellement à faire progresser l’égalité des sexes et à garantir la prospérité économique des femmes. Nous avons fait d’importants progrès au cours des 40 dernières années et il est essentiel de veiller à ce que la pandémie ne les efface pas. Nous sommes convaincues qu’en œuvrant pour un avenir prospère et équitable pour toutes les femmes, nous améliorerons la société dans son ensemble.

La collaboration est véritablement au cœur du Projet Prospérité, qui rassemble un groupe diversifié de plus de 60 femmes leaders de partout au Canada, qui visionnaires fondatrices. Le Projet est né d’une idée de Pamela Jeffery, qui a eu l’idée qu’en réunissant des femmes leaders de tout le pays, nous pourrions contribuer à atténuer l’impact de la pandémie sur les femmes. Nous sommes également en train d’intégrer une centaine d’autres visionnaires et d’autres partisanes afin de nous assurer que nous soyons représentativves de la population canadienne.

Nous naviguons tous de différentes manières face à cette pandémie. Quel est l’élément clé de la réponse du Projet Prospérité à la crise ?

Nous vivons une période particulièrement difficile pour nos communautés, nos familles et notre pays. Les femmes ont connu un pourcentage plus élevé de pertes d’emploi et de licenciements pendant la pandémie. Elles ont également écopé de plus de responsabilités à la maison, dont la garde des enfants à plein temps, l’éducation à domicile et les soins aux personnes âgées, et ce, tout en essayant de maintenir leur productivité professionnelle. Le Projet Prospérité désire contribuer à remédier à cette situation. La santé et le redressement social et économique du pays sont dépendants de la réussite et le bien-être des femmes est essentiel.

Nous avons créé cinq différentes initiatives afin de répondre à la pandémie. La première vise à associer des professionnels à des organisations à but non lucratif axées sur les femmes – les professionnels aident ces organisations à réinventer leurs modèles d’entreprise et à trouver des moyens de répondre aux besoins urgents et croissants des femmes qu’elles servent. La seconde est notre étude sur la prospérité, qui est la première étude nationale multigénérationnelle à long terme et inclusive en ligne au Canada. Elle porte sur 10 000 femmes de toutes les strates socio-économiques. Elle permettra notamment de découvrir et de partager des solutions pratiques qui fourniront aux employeurs et aux décideurs politiques des indications sur les mesures à prendre afin d’améliorer l’égalité entre les sexes.

Nous savons que les femmes effectuent ou influencent jusqu’à 80 % des achats des ménages. Nous avons donc créé l’Indice des dépenses des ménages, qui sert de baromètre de la confiance en l’économie canadienne pendant les périodes de reprise et d’après-récession de la COVID-19. Il mesurera les variations mensuelles de l’activité économique, en se basant sur un panel de femmes de toutes les strates socio-économiques du pays.

Notre quatrième initiative est une campagne conçue pour augmenter le taux de participation des femmes au marché du travail, le nombre de diplômées et de travailleuses dans le domaine des STEM, le nombre de femmes exerçant un métier spécialisé ainsi que le nombre de femmes occupant (ou en voie d’occuper) des postes de direction et de décision dans les périodes de pré-reprise, de reprise et de post-reprise de la pandémie de la COVID-19.

Enfin, nous suivrons les femmes occupant des postes de direction, de cadres supérieurs et en voie d’accéder à ces postes au sein des 500 plus grandes sociétés publiques, sociétés d’État et filiales multinationales du Canada. Grâce à cette recherche inclusive, nous mettrons en lumière les femmes qui s’identifient également comme autochtones ou comme LGBTQ2+, les femmes de couleur ainsi que les personnes handicapées. Nous souhaitons que ces données améliorent la transparence et la responsabilité de ces organisations et qu’elles éclairent les politiques et les meilleures pratiques en matière d’égalité des sexes et de planification de la relève.

Notre réponse à la crise consiste à veiller à ce qu’une perspective de genre soit appliquée au rétablissement du Canada après la pandémie. Pour ce faire, nous nous appuyons sur la richesse des connaissances des femmes leaders de partout au pays afin d’obtenir des idées et du soutien. La collaboration est au cœur de notre réponse : nous voulons qu’elle reflète la société canadienne et reconnaisse les besoins particuliers des femmes dans les communautés de partout au pays.

Nous savons que les femmes – en particulier les femmes de couleur et celles qui travaillent en première ligne – ont été touchées de façon disproportionnée par la COVID-19. Les fermetures d’écoles et la pénurie de places en garderie ont aggravé la situation. Quel est le lien avec le travail du Projet Prospérité ?

Ces questions ont été au cœur de la mise en place du Projet Prospérité. Nous voulons nous assurer que les personnes qui participent au Projet comprennent et représentent les femmes de couleur, les femmes en première ligne ainsi que les femmes qui sont touchées de manière disproportionnée par la pandémie. Chacune de nos initiatives vise à répondre à cette réalité.

Parlez-nous de la manière dont le Projet Prospérité rend son travail plus inclusif et renforce l’engagement avec les différentes communautés. Avez-vous des conseils ou des leçons à partager avec d’autres personnes du secteur sur la réduction des obstacles et l’augmentation de la participation ?

Nous appliquons une optique intersectionnelle et d’inclusion pour servir les femmes qui s’identifient également comme autochtones et/ou comme LGBTQ2+, les femmes de couleur, les réfugiées ainsi que les personnes handicapées. Nous reconnaissons que différentes approches sont nécessaires pour répondre aux besoins distincts de toutes les femmes canadiennes, y compris les femmes des Premières nations, les Inuites et les Métisses. Nous identifions actuellement des organisations partenaires afin d’offrir nos programmes d’une manière qui soit socialement et culturellement sensible. Nous souhaitons également informer les organisations et les entreprises sur les mesures qu’elles peuvent prendre pour être inclusives et accommodantes, afin que cette cette approche fasse désormais partie de notre façon de faire des affaires.

Le Projet Prospérité comporte-t-il des demandes spécifiques pour le secteur au sens large ? Des choses pour lesquelles vous avez besoin d’aide, des problèmes que vous essayez de résoudre ou des souhaits que vous avez ?

Les femmes représentent 50 % de l’économie. Une étude récente a démontré que lorsqu’on fait progresser l’égalité des femmes au Canada, cela peut ajouter 0,6 % de croissance annuelle supplémentaire au PIB national. Si nous parvenons à impliquer davantage les femmes dans les heures de travail rémunérées, même 50 minutes de plus un jour par semaine, cela représente environ 150 milliards de dollars sur cinq ans pour notre économie. Si les organisations peuvent faire participer les femmes juste un peu plus chaque semaine, cela aura un impact substantiel sur l’économie et sera essentiel pour contrecarrer les effets de la récession que cette pandémie a sur notre pays.

Le Projet Prospérité comporte-t-il des demandes spécifiques pour le secteur au sens large ? Des choses pour lesquelles vous avez besoin d’aide, des problèmes que vous essayez de résoudre ou des souhaits que vous avez ?

Tout d’abord, nous voulons que tous les secteurs, les organisations gouvernementales et les particuliers reconnaissent et admettent que la pandémie a eu un impact disproportionné sur les femmes, et que cet impact va faire reculer les progrès déjà limités qui ont été réalisés en termes de promotion de l’égalité des sexes au Canada. Les femmes gagnent de 75 à 85 % pour chaque dollar que les hommes gagnent. Nous devons absolument combler cet écart salarial et cet écart entre les sexes.

Ensuite, nous voulons que l’on reconnaisse que chaque organisation et chaque personne peut prendre des mesures pour remédier à ces inégalités. Nous avons des demandes spécifiques pour le gouvernement et les entreprises privées. Pour le gouvernement, nous demandons spécifiquement des plans de retour à l’école afin de rouvrir les écoles primaires en toute sécurité dès que possible. Tant que les écoles primaires resteront fermées, plusieurs femmes ne pourront pas retourner au travail. Cela crée une pression incroyable pour les femmes, qui essaient de performer au travail tout en s’occupant de leurs enfants et en les aidant dans leur travail scolaire. Nous avons également besoin d’un programme national de garde d’enfants abordable. Le Canada n’en a pas, contrairement à la plupart des pays industrialisés. Au Québec, toutefois, une politique familiale a été introduite en 1997 et a permis d’augmenter la participation des femmes au marché du travail du Québec à environ 81 % en 2016, contre seulement 75 % en Ontario. Il est prouvé que les bons programmes de garde d’enfants profitent aux femmes et aux familles, et que les bénéficies surpassent nettement les coûts. Nous voulons également que le gouvernement réglemente la protection des travailleurs de première ligne. Nous avons eu tellement de travailleurs de la santé qui ont déposé des demandes d’indemnisation pour accident du travail liées à la COVID, et la majorité d’entre elles sont déposées par des femmes. Nous demandons donc au gouvernement d’assurer la sécurité et la protection des femmes au travail.

Il y a tant de choses que les entreprises canadiennes peuvent faire, de mesures volontaires qu’elles peuvent mettre en place. Nous souhaitons que les entreprises commencent à fixer des taux de représentation des femmes au sein de leur main-d’œuvre en fonction des niveaux et objectifs antérieurs à la COVID. Nous voulons aussi mesurer et récompenser les entreprises et les sociétés qui atteignent ces objectifs. Cela signifie que vous devez examiner votre organisation et suivre ce qui se passe depuis votre point de départ. Définissez des politiques visant à atténuer les préjugés sexistes et qui visent réellement limiter l’impact disproportionné que la pandémie a eu sur la participation des femmes au marché du travail. Les femmes doivent être représentées – elles représentent la moitié de notre population.

Nous devons nous rappeler que, lorsque nous élaborons des plans de retour au travail, nous devons tenir compte des différences entre les sexes. Le retour au travail doit être équitable pour les hommes et les femmes. Qui va revenir au travail, qui reste à la maison et subvient aux besoins de la famille et comment garantir un équilibre ?

Nous reconnaissons que nous devons approfondir et élargir le réservoir de talents par le développement des compétences. Le mérite et la diversité ne s’excluent pas mutuellement. Il existe un préjugé inconscient dans la manière dont les femmes sont recrutées, promues et bénéficient de possibilités de formation. Les femmes, et en particulier les femmes de couleur, ont moins de chances d’être traitées de façon équitable et égalitaire en termes de promotion et de rémunération basées sur la performance. Nous devons donc tenir compte des différences entre les sexes et de la diversité lorsque nous envisageons de recruter et d’approfondir les talents dans nos organisations. Lorsque amenons les femmes à réussir, nous prospérons tous. Si nous pouvons pousser le gouvernement et les entreprises à prendre certaines de ces mesures, non seulement nous nous remettrons de la pandémie, mais nous progresserons et nous arrivons à créer ce pays équitable auquel nous aspirons.

Quel est l’enjeu si nous ne parvenons pas à résoudre ce problème ?

Si nous n’arrivons pas à comprendre cela, nous allons assister à une réduction de la participation démocratique au Canada, ainsi qu’à des pertes économiques. Si nous ne parvenons pas à permettre aux femmes de retourner au travail, il n’y a aucune chance que nous puissions revenir aux niveaux de PIB antérieurs, et encore moins le voir augmenter. C’est absolument essentiel. Nous savons que lorsque nous avons un équilibre entre les hommes et les femmes, ainsi qu’une diversité au sein des organisations qui prennent les décisions pour notre pays ou sur le marché, nous obtenons de meilleurs résultats. Ce qui est en jeu, c’est l’atteinte d’un véritable pays démocratique où nous soutenons les individus, où ils sont représentés et où nous créons un avenir durable.

Pour les personnes qui cherchent à s’engager avec vous, comment peuvent-elles s’impliquer ? Qui peuvent-ils contacter ?

Nous aimerions que les gens s’impliquent en se portant volontaires pour les initiatives et les études qui sont menées. Nous avons reçu une belle réponse de la part des gens de partout au pays, et nous voulons tirer parti de cet engagement. Notre seul critère de participation est de partager notre passion pour l’atténuation de l’impact disproportionné de la COVID-19 sur les femmes, et qu’ils aident à appliquer cette optique inclusive à notre travail. Nous sommes reconnaissants de toute forme de soutien de la part des individus et des organisations. Nous avons tous un rôle à jouer et nous vous encourageons à visiter notre site web et à suivre nos canaux sociaux (Twitter, LinkedIn).

Le Projet Prospérité™ est une nouvelle organisation à but non lucratif qui a été fondée dans le but de trouver des solutions pour atténuer l’impact de la pandémie de la COVID-19 sur les femmes canadiennes, qui ont été touchées de manière disproportionnée. Ce projet d’envergure pancanadienne répond à un besoin important de lier explicitement les femmes à la prospérité, en soulignant l’importance économique de l’égalité des sexes pendant les périodes de pré-reprise, de reprise et de post-reprise économique de la pandémie de la COVID-19.

 

Nous vivons un moment sans précédent pour la démocratie au Canada. Nous avons donc créé Sector Spotlight pour découvrir comment les principaux acteurs y réagissent. Nous espérons ainsi soutenir le partage des connaissances et susciter de nouvelles connexions en dressant le portrait d’un large éventail d’initiatives de partout au pays. Vous avez des idées pour notre prochain Sector Spotlight? Contactez-nous!

Lois Nahirney, visionnaire fondatrice du projet Prosperity et PDG de DNA Power

Lois Nahirney est une visionnaire fondatrice du projet Prosperity et la Directrice générale de DNA power. Elle est titulaire d’un doctorat et d’une maîtrise en affaires, et a occupé plusieurs postes de direction à l’échelle internationale. Elle défend passionnément l’également des sexes et vit à Vancouver.